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5 questions à Hugo Straebler, en charge du projet de nouveaux récits pour d'autres demains...

3 récits pour d'autres demains en matière d'économie circulaire... commandités par CITEO et tricotés par et avec plus de 90 personnes

Juin 2022. Je débarque dans une aventure que CITEO, l'agence Sidièse et Martin Serralta ont entamée depuis quelque temps concernant l’économie circulaire.

Cette fois-ci, cap sur 2040, en passant par 3 étapes :

1. plus de 60 experts et non experts répondent à un questionnaire sur les risques et les opportunités de l’économie circulaire.

2. à partir de l’analyse de ces éléments, organisation d’un forum ouvert avec 60 personnes - dont une trentaine des répondants au questionnaire - pour réfléchir à «Quelles solutions pour ACCELERER LA MISE A L'ECHELLE de l’économie circulaire SANS ATTENDRE LA LOI ?»

3. Enfin, l’équipe Citeo / Sidièse / Martin Serralta et moi-même regroupons les solutions dégagées pour en faire le nectar de 3 récits de souhaitables (liens ci-dessous).

Les acteurs du projet :

Commanditaire : CITEO entreprise à mission. Cécile Sémériva et Anne-Sophie Michel

Pilotage de l’étude : Martin Serralta, prospectiviste des organisations

Écriture des récits : Carole Babin-Chevaye

5 questions à Hugo Straebler, en charge de ce projet chez Sidièse

À la barre du projet en effet, côté Sidièse : Hugo. 25 ans tout mouillé. Mélange d’humilité et d’assertivité. D’enthousiasme et du sens de l’organisation. De nuances et de congruence… Bonheur ! Bonheur d’avoir en effet à œuvrer sur un sujet passionnant avec pareil chef d’orchestre. D’où mon envie de lui poser ces questions.

1. Carole : Tu as accompagné la démarche de CITEO d’aller dans le futur pour inspirer le présent. Est-ce que c’était ton premier voyage vers d’autres futurs possibles ? Et comment en parlerais-tu ?

Hugo : C’était bien mon premier voyage — ou en tout cas celui qui m’a emmené le plus loin et m’a embarqué. Je suis vraiment rentré dans l’exercice et me suis totalement projeté à 2040, avec cette perspective de surtout, ne pas partir de ce que je connaissais aujourd’hui et ce qui pourrait être une contrainte pour réfléchir et avancer.

Et pour moi, cela a été une aventure profondément optimiste. Quelque chose de joyeux et de collectif. Où l’idée était avant tout de me dire « On va se faire rêver en se disant que c’est possible ». Or plus on avance dans ce type d’énergie, plus on se rend compte que c’est possible ! Et que le chemin pour y arriver n’est pas si complexe que ça.

Carole : c’est quoi le « c’est » possible ?

Hugo : il y avait, pour moi, un double enjeu. À la fois, la réalisation de cette étude, mais aussi, d’embarquer CITEO avec nous dans cette démarche, alors qu’il y avait quelque chose comme « On ne sait pas précisément où on va, mais on y va ». Cela ressemblait quand même un peu à se lancer dans une aventure collective folle, sur un an voire plus, sur un projet qui lui aussi allait être fou. Il fallait donc un bon mélange d’optimisme et d’émulsion collective pour enclencher. Et qui nécessitait vraiment que CITEO nous fasse confiance pour y aller

2. Carole : Si tu avais à raconter cet exercice d’accros-branche — lâcher le aujourd’hui connu pour des demains inconnus —, tu en dirais quoi ?

Hugo : je reprendrais des mots déjà entendus, à savoir qu’il s’agissait d’ouvrir le champ des possibles en sortant des barrières du présent. D’oser rêver, tout en sachant que le chemin pour y arriver, derrière, on va pouvoir le construire.

Cet optimisme, c’est ce futur qui va nous permettre de poser les bases dès à présent.

L’optimisme comme moteur à l’action.

Et finalement, ce qui est important n’est pas tant l’action que cet optimisme et là où on veut aller. L’idéal n’a somme toute pas besoin d’être précis. Comme il n’a pas besoin d’être une solution. Il nécessite plutôt d’être ce qui nous porte. Que cela nous parle et soit dans nos tripes.

3. Carole : Est-ce ce qu’il te semble y avoir eu des ingrédients spécifiques qui ont rendu possible cette aventure — et qui seraient nécessaire pour réussir un nouveau voyage dans le futur de ce type ?

Hugo : Le collectif. Je pense que c’est un des ingrédients majeurs.

De se dire « On y va ensemble ». On n’est pas seul dans nos têtes et finalement, personne n’a la réponse.

Ces éléments de réponse qui sont ressortis ont été le fruit de tous les échanges, ils ne sont pas du tout du ressort du savoir. Ils ont été nourris par le partage. Parfois même de convictions profondes qu’on n’avait pas encore osé exprimer ou qu’on n’a jamais exprimées d’une certaine manière.

On l’a vu dans les différentes étapes, entre nous, en interne, lorsque l’on construisait le projet. D’échanger ensemble m’a nourri énormément. J’étais à la fois dans la découverte du sujet, pleinement dans mes convictions — cela avait de ce fait beaucoup de sens pour moi —, et en même temps, je ne me sentais pas sachant. Je me nourrissais de tout ce que j’avais autour de moi en ayant l’impression d’être vraiment entendu, écouté ; mais aussi, que ma naïveté pouvait apporter quelque chose. Qu’elle pouvait permettre d’avancer.

Dans toutes les phases de co-construction de ce projet, on a ainsi essayé d’aller chercher ces regards nouveaux, non-experts. Ceux des experts en effet, je m’en suis rendu compte au fur et à mesure qu’on avançait sur le projet, étaient construits sur le présent et donc, liés à ces barrières du présent. On voulait donc avoir des visions autres voire candides. Il y avait ce besoin de sortir de ce qu’on sait ou pense savoir pour aller plus loin et se projeter.

Carole : quels qualificatifs utiliserais-tu pour parler de ce type de voyage ?

Hugo : Cela a été une aventure collective joyeuse. Je ne me suis jamais senti seul. Je me suis toujours senti soutenu et écouté. Je ne savais pas quel était mon rôle, mais j’avais l’impression d’avoir un rôle.

Cela a notamment été du fait du collectif interne au projet.

La première personne qui m’a fait confiance a été Frédéric. Puis Martin, Cécile - déjà très engagée, mais que j'accompagnais pour aller convaincre les autres directions. Puis toi.

Je pouvais ainsi exprimer des choses sans arriver forcément à bien les formuler. Mais lorsqu’elles étaient mêlées à d’autres mots ou idées de ce « nous » collectif — Fred, Cécile, Martin et toi —, prenaient une tout autre ampleur. Je n’avais plus l’impression que cette idée venait de moi ou d’un autre, mais du Nous.

4. Carole : tu parles d’un « Nous » incroyablement fort — que j’ai vécu aussi sur cette aventure — ! C’est super intéressant de voir en effet ce que rend possible un nous fort.

Avec maintenant quelques mois de recul, tu aurais à emmener d’autres entreprises dans cette direction, comment t’y prendrais-tu ?

Hugo : Je ne pourrais pas prendre cette décision seul puisqu’on a construit un « nous », et du coup, je n’aurai déjà aucune légitimité à le faire. Surtout, ça ne fonctionnerait pas. Parce c’est de nos échanges qu’est né ce qu’on a réalisé.

À aucun moment on n’a suivi au pied de la lettre la méthodologie qu’on avait imaginée. Ce n’était pas l’objectif. L’objectif, justement, c’était de se laisser porter avec ce qui venait pour oser plus large, plus vaste. Il y avait des grands cadres et je pense que sur cette base, on peut construire un « nous » qui va avoir de l’importance.

On peut peut-être garder un peu ces différentes étapes… Mais toujours se laisser la liberté de les questionner à n’importe quel moment et de les changer au besoin.

En fait, à cette question, je me sens très démuni parce que je n’ai pas l’impression d’avoir la réponse… J’avançais dans l’inconnu. Mais je crois qu’il a servi le « nous ». D’avancer en terrain connu, ça le dessert, surtout dans une démarche prospective.

Carole : condamnés à inventer…

Hugo : Exactement. Pendant toute l’étude, j’avais l’impression qu’on marchait sur des œufs, qu’on ne savait pas précisément où on allait, mais que j’étais en confiance. Fred y était aussi pour beaucoup, quand il disait : « On ne l’a jamais fait, mais en fait, on va le faire. »

Par exemple, à un moment, je me suis dit « il faut que je remette du cadre ». Et puis après, je me suis dit « mais non, on ne sait pas ce à quoi on va aboutir ; on a besoin de savoir où on va pour mettre un cadre derrière. »…

5. Carole : C’est fort ! Le cadre est tellement rassurant parfois — ceci notamment face au livrable attendu ! Et pour finir, ramènes-tu quelque chose de plus perso, une pépite, de ce voyage dans le futur ?

Hugo : J’ai toujours eu peur de me projeter par peur de m’enfermer. Et avec ce travail qu’on a réalisé au niveau professionnel, j’ai l’impression, et ça s’est caractérisé dans ma vie perso, que cette projection était ce qui allait m’apporter le plus de liberté. Donc déjà, cela a beaucoup rejailli sur moi, sur ma vie au quotidien.

Me projeter me libère… Poser le où je vais avec clarté et optimisme, tout en sachant que j’ai le choix de nombreux chemins possibles pour y arriver. Mais le est très loin. Il me laisse ainsi libre dans tous les choix du quotidien.

Maintenant, je n’ai pas envie de m’arrêter là. J’ai en effet très envie de continuer à explorer, à ouvrir le champ des possibles sur d’autres sujets, avec ces méthodes qui interrogent le demain. Mais aussi, quelle suite donner à cette démarche ? Comment peut-on traduire ces scénarios aujourd’hui ?

De les faire atterrir me tient beaucoup à cœur.

1 000 mercis Hugo. 1 000 mercis aussi à Martin, de m'avoir embarquée dans pareille aventure. A Fred et Cécile pour cette qualité d'échanges. Et vivement ces demains imaginés ensemble! Carole Babin-Chevaye

Les 3 récits : 

1. Chronique d’un atterrissage réussi ?! 
-> Passer à une approche holistique et artistique de l’éco-conception

2. Discours de l’ambassadrice de la Circularité de l’Union européenne à l’Assemblée générale des Nations Unies 
-> Pousser des consortiums muti-acteurs pour révolutionner les dynamiques territoriales

3. Lettre à toi qui naîtra en 2100 
-> Transformer les imaginaires des citoyens à travers une transmission positive