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Avec Joanne Schanté… des solutions impactantes menées à grande échelle

#EconomieSocialeEtSolidaire #Climat #OpenTeam #Réplication

Une mère américaine, un père français ; une famille issue de la campagne alsacienne, l'autre de celle du Colorado, et la planète en toile de fond ! Les voyages de Joanne Schanté furent nombreux !

Une école d’ingénieur plus tard, et ce fut le démarrage de vie professionnelle chez Air France, où la voilà, à 30 ans, vivre une vie de manager de 50 ans pour encadrer une équipe de ce type !
Mais Joanne fit le choix d’en rajouter à son cursus : cap sur la prestigieuse INSEAD pour un MBA ; à elle la belle vie ! C’était sans compter sur l’inventivité de la réalité ! Et ce fut vers un autre monde – professionnel et personnel, de valeurs, de projets, d’enjeux - qu’elle embarqua, et osa revisiter sa vie. Rechercher de la profondeur. Avancer, encore, toujours. Plonger sur un cheminement personnel.

Nous avons ainsi parlé de ce qui émergea dans sa vie; de son switch; et du cheminement, pas aisé.

Mais aussi... des 45 pays visités à 29 ans, comme du parachutisme et des 300 sauts qu'elle fit à une époque où son bilan carbone n'avait pas encore tant d'importance pour elle! De cette entreprise sociale, Open Team, qu'elle cocréa. Au sein d'un nid que je croise souvent sur les projets de startups et de causes... Offi! Offi, pour Officience, cocon, lieu d'échanges et de ressources multiples, d'où viennent et repartent de nombreux projets, tous en lien avec la création de valeur partagée, le penser et l'agir durable, le partage du savoir, notamment.

De la ScaleSchool qu'elle est en train de lancer avec Open Team.

D'entrepreunariat social, de développement personnel, d'hygiène de vie : "Tout est lié en fait. A tous les niveaux. Et je ne m'y attendais pas du tout!"

Merci Joanne ! Belle route à Open Team et à ses protagonistes.
#C’estParti ! #DuNepalAuSentierParis75002 #Ensemble #Impact&Réplication

Un début de vie professionnelle en entreprise, puis un MBA à l’INSEAD. Et… comme une rupture ! Que s’est-il passé ?

Au bout de 6 années dans mon job, j’ai en effet décidé de lancer ma candidature pour des MBA. Cela me semblait la trajectoire parfaite, la complémentarité entre l'apprentissage business et ma formation d’ingénieur.
Or, dans le dossier de candidature de l’INSEAD – qui était vraiment l’école où je souhaitais entrer -, il était demandé de présenter son projet de vie. Beaucoup d’amis m’ont dit, a posteriori, avoir bouclé cela en 3 heures ; j’y ai passé 1 mois, à ne faire que cela ! Plus peut-être. A vraiment réfléchir en profondeur.

Moi qui ai toujours été une fonceuse, à bosser comme une dingue depuis la 6èmerire -, en prépa, à l’école puis ensuite dans mon boulot… je me suis arrêtée, j'ai listé les différents jobs que je pourrais faire après le MBA. Pour finalement les barrer un par un : « Finalement, non, pas envie. Pas envie de faire cela non plus. » A la fin… il ne restait plus rien ! C’est là je me suis dit : « Mais au fond... qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? »

J’ai alors réalisé que, quel que soit le métier, je voulais à la fois que cela soit quelque chose qui ait de l’impact, et qui me permette d’utiliser ce que j’avais appris à faire et allais apprendre lors de ces nouvelles études.
C’était cela : voir comment je pouvais connecter le business et l’impact.

Tu as finalement mis à jour des choses qui couvaient déjà ? Ou cela a été une révélation ?

Une révélation ! Surprise totale aussi pour mon entourage qui ne s’y attendait pas du tout, et qui, du coup m’a beaucoup challengée avec des « C’est quoi l’impact social ? », « qu’est-ce que tu vas faire ? », « pourquoi », etc. D’aller au-delà de tous les interdits n’était clairement pas attendu dans mon cercle proche. Normalement, ma carrière après un MBA était toute tracée pour devenir consultante dans un cabinet de conseil en stratégie comme McKinsey, et gagner de l’argent.
Même quand j’ai démarré dans l'entrepreneuriat social, en cours d’année, on me rattrapait en me disant : « Tu pourrais peut-être travailler cher McKinsey quelques années, te remplir les poches, et investir ensuite. » Mais je ne le voyais pas du tout comme ça ! Il n’y avait pas une minute à perdre, je voulais me lancer dedans direct !

Et si je ne savais pas encore bien où j’allais, il fallait que j’essaye.
L’INSEAD, au-delà d’être une bonne école, abritait énormément d’initiatives, un centre de recherche sur l’innovation sociale, un catalyseur de carrière en impact social, et plein d’autres initiatives qui m’ont ouvert sur ces nouvelles formes de projets.
Mais oui… cela m’a surpris moi-même !

Ont émergé alors des mots comme entrepreneuriat social. Pour quoi ? Quelles causes prioriser ?

Résoudre une problématique à impact qui s'est précisé, et qui consiste à contribuer à réduire le réchauffement climatique - c’est devenu une mission de vie, une passion.
Le passage à grande échelle, avec, en 1er lieu, un objectif d’impact à la fois environnemental, social, économique.

Que l’on met en œuvre avec une approche de viabilité économique.
J’ai donc cocréé quelque chose entre les 2, sans dépendre de subvention, ni enrichir des investisseurs sur le dos de l’action, comme c’est le cas des entreprises « normales ». Mais avec un modèle économique où tout profit est réinjecté pour permettre de faire grandir la portée de l’action et l’impact. C'est cela pour moi le fond de l'entrepreneuriat social.

Cette notion m’a beaucoup parlé : je ne me sentais pas purement ONG, et je voulais chercher un intermédiaire entre l’impact et le business. C’était donc un peu la boîte de pandore, que j’ai découvert très tôt dans l’année de MBA. Qui est devenue mon cheval de Troie !

Si j’ai énormément appris pendant ces études, notamment sur l'entrepreneuriat social, j’y ai aussi fait beaucoup de rencontres. Des rencontres justes magiques, comme Muhammad Yunus, pour qui j’ai organisé un événement. De pouvoir avoir un contact direct avec lui, ne serait-ce que quelques instants, a été un déclic.

Au début j’étais dans l'impact plus généraliste. Mon objectif était d’accompagner les entrepreneurs sociaux et de leur apporter ce que j’avais eu la chance d’avoir comme conseil à l’INSEAD - tout le monde ne peut pas se payer un MBA ; cela coûte une fortune, mais on y puise beaucoup de ressources en tant qu'entrepreneur. Je voulais donc mettre tout cela à disposition d'autres personnes, et créer plus de liens entre entrepreneurs sociaux.

Tu sembles n’avoir peur de rien ! Vrai ? Nouveau ?

J’ai été super timide jusqu’à l’âge de 20 ans ! C’est une fois commencée l’école d'ingénieur, après mes années de prépa, que je me suis libérée. Le 1er truc que j’ai commencé à faire quand j’ai intégré l’école, a été de faire du parachutisme ! Plus de 300 sauts et des compétitions. C’était ma passion sur les 5 ans qui ont suivis.
Quand j’ai commencé à travailler à Air France, je me suis jetée à fond dans le boulot ; tandis que le week-end… je me jetais depuis d’autres avions ! rire. Vivant, lorsque j’étais là-haut, un sentiment de liberté inouï ! L’adrénaline !
Le fait de se dépasser.
Je me sentais tellement bien dans les airs ; rien autour.

Mais quand j’ai fait mon virage, je ne me suis plus vu brûler du kérozène pour m’envoyer en l’air ! Cela ne faisait plus sens. J’avais aussi beaucoup voyagé. Du coup… j’ai un quota de carbone important à compenser sur lequel je m’active !

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Vous avez créé Open Team à 2... entre entrepreneuriat social et climat. Quels sont vos objectifs et cibles prioritaires ?

Au démarrage, Open Team a émergé d'un collectif d’une trentaine de personnes. Avec finalement, 3 à 4 personnes réellement actives. Et comme tout mouvement, après l’émulation du démarrage, émergent rapidement ceux qui vont y dédier leur temps. Au bout de 1 an, Sokha Hin – à l’origine de l’idée - et moi tenions toujours la barre. Et on a décidé de continuer tous les 2.

En 2015, à la création, les mots clés du projet mêlaient collaboration, entrepreneuriat social et développement durable à l'échelle internationale. Aujourd’hui, nous sommes plus focalisés sur la cause du climat. Avec l’idée de détecter les solutions qui fonctionnent ; de les documenter ; et de permettre à tous ceux qui veulent de pouvoir les répliquer, les implémenter eux-mêmes localement.
Nos mots clés, à Open Team, sont aujourd’hui #climat - vue l’urgence, la nécessité de se parler entre acteurs sur ce sujet, d’échanger nos savoirs pour accélérer la réponse est devenue comme une évidence ! - #réplication et #open knowledge - un savoir ouvert et partagé.

Climat + réplication + savoir ouvert : quelle est votre 1ère application ? Comment la déployez-vous ?

Aujourd’hui, on avance aux côtés d’un projet rencontré lors de la COP 21, porté par un fermier travaillant en bio et en permaculture au Népal, Sudarshan. La mission que Sudarchan s’est fixée : former un maximum de fermiers à passer au bio. Après 40 ans d’utilisation des pesticides, l’état de leurs terres est en effet dramatique. Ce qui impacte tous les aspects de leur vie. Mais Sudarshan rencontrait des difficultés, avec les fermiers qu'il formait localement, pour que cette transition au bio s'effectue réellement.
De notre côté, nous cherchions un premier projet auquel appliquer la méthode de réplication que nous développions ; avec l’idée du plus accessible possible pour que cela ait le plus d’impact. Du coup, il y a eu synergie entre nos 2 projets.

Au Népal, comme dans beaucoup de pays en développement, un grand nombre de personnes vivent et dépendent de l’agriculture. Qui ont des micro-fermes de 1 hectare. Cette formation de passage au bio sous un modèle d'entrepreneuriat social va donc pouvoir être appliquée au plus grand nombre.

Nous travaillons à mettre en place un corpus de contenus qui permettent de reproduire les étapes, et de s’approprier les pratiques. C’est ce qu’on appelle la « ScaleSchool », le nouveau programme d’Open Team, consistant en un transfert de connaissances très pratico-pratiques.
Les contenus de ce module sont ainsi créés par Sudarshan, complétés par les experts du secteur de notre réseau, à travers le monde. Nous sommes d'ailleurs en train de lancer la première expérimentation du cours pour les 8 premiers fermiers.

Pourquoi démarrer au Népal ? Est-ce qu’il y a des passerelles entre France et Népal ?

On nous demande souvent pourquoi ne pas avoir démarré en France. Mais il existe beaucoup de choses ici, dans le domaine du bio et de la permaculture. Alors qu’il y a un énorme besoin là-bas. Et c'était avant tout le fruit de la rencontre avec Sudarshan, lors de la COP 21. Cela nous a donc semblé une évidence de tenter le coup là-bas.

Mais on fait bien sûr des passerelles entre le Népal et la France, ainsi que depuis longtemps, avec différents pays et experts permacoles ou d’agroécologie du monde entier. La logique est de créer des liens entre experts internationaux et locaux, pour créer un cours qui soit le plus adapté possible. Il y a d’un côté, une formation très pratique sur le terrain au Népal. A partir de laquelle on est en train de capitaliser pour une mise en ligne de cours et de pratiques accessibles sur le site web d'Open Team, à toute personne du monde entier.

L’idée de ce 1er cas d’application est aussi de développer une méthodologie que l’on puisse ensuite appliquer à d’autres projets ; par exemple, j’aimerais que le prochain sujet concerne la problématique du plastique. Celui d’après, l’eau. Afin de pouvoir toucher toutes les solutions qui ont vraiment un impact sur la réduction du réchauffement climatique.

Tu parles souvent de développement personnel. Quel est le lien avec ton aventure professionnelle ? Et concrètement, quels sont tes premiers pas sur ce terrain ?

Quand j’ai lancé Open Team, j’ai commencé à m’ouvrir à un cercle de personnes qui n’étaient pas juste dans l'entrepreneuriat social et le climat, mais aussi ouvertes aux sujets de spiritualité et de développement personnel.
J’ai commencé à découvrir tout cela… et cela m’a construite.
Le vrai déclencheur a été le Co-Gîtons que j’ai fait en septembre 2015. C'est là que j'ai démarré ma 3ème vie, avec la prise de conscience de soi. La 1ère était ma vie "classique" avant l’INSEAD ; et la 2ème, avec l’entrepreneuriat social, après l'INSEAD.
Du coup, j’ai commencé avec différents stages, rencontres, lectures. Plusieurs proches, des amis, mes sœurs, ont aussi commencé à cheminer. Et aujourd’hui, je me rends compte à quel point la conscience est importante voire indispensable pour moi.

Par exemple, dans les prochaines missions de conseil que je vais faire en parallèle d’Open Team, je me rapproche d’acteurs extrêmement inspirants comme Kinomé, avec Nicolas Métro. Leur engagement est tel qu’ils mettent l’éthique et la conscience humaine au sein de l’accompagnement qu’ils font, à la fois des projets et des entreprises. Ils recherchaient récemment un consultant senior, et sur la fiche de poste, avaient indiqué des critères comme : « quelqu’un qui travaille sur soi », « qui est dans une démarche de développement personnel collectif avec l’entreprise » ! Cela a été un flash pour moi ! A terme, je ne me vois plus travailler sans cette dynamique : intégrer l’alignement humain et le développement personnel dans l’entreprise. De mon point de vue, seul le changement de conscience peut permettre de sauver la planète…

J’ai en tête Bruno Latour disant : « une partie des élites a abandonné l’idée d’un monde commun ».
Comment on redonne l’envie d’un monde commun, ce qui me semble être un peu ton sujet ?

En montrant la force du commun.
En montrant le résultat merveilleux et inattendu qui peut émerger en travaillant ensemble.

De montrer ce que le commun est capable de faire à petite échelle. Parce que cela peut faire peur de voir des personnes très engagées comme je le suis ainsi que d’autres, et qui ont dû beaucoup sacrifier. D’où l’importance de témoigner des petits pas en commun.
Et en créant des occasions. Avec de plus en plus de moments où des personnes d’entreprises baignent dans ces milieux et dans ce genre événements, centrés sur la création de valeurs partagées.

Le commun, c’est ce qu’on porte dans notre projet à travers la réplication. Avec l’idée de créer une communauté de porteurs de projets qui vont dans le même sens. Et s’entraident pour développer leur projet, pour la planète.

Pour finir, qu’est-ce que tu dirais du chemin qui a été le tien ?

Je peux paraître toujours très positive, et intrinsèquement passionnée. Mais cela n’a pas été un long fleuve tranquille. Et si j’ai un truc que je veux partager aux autres, quand on se lance dans cette voie, c’est que c'est possible et accessible ; mais il faut quand même penser à sauver ses arrières ! Si je peux éviter à d’autres personnes de se retrouver à vivre avec 500 € par mois à Paris… C’est compliqué de devoir faire du Air BnB, et autres situations rocambolesques, où l'on finit par se perdre. Le réalisme à côté de la passion !

Le réalisme m’a parfois rattrapée. Mais m’a beaucoup appris. Souvent je suis appelée pour aller témoigner devant des élèves, et à chaque fois je leur dis de ne pas oublier de penser à soi. Les solutions existent pour ne faire que 100% de sa passion. La plupart des personnes pensent que c’est noir ou blanc, alors qu’on peut faire du conseil pour faire valoir ce qu’on sait faire, tout en développant son projet. Il y a plein de façons différentes d’avancer au service de ses idées, sans se mettre en danger.

Ce qui me conduit, c’est le fait que les solutions existent.
Je suis résolument orientée solution. Et quand je vois ce que développent des personnes, j’ai vraiment envie de crier au monde entier : « Regardez, c’est faisable ! Et voilà comment vous pourriez faire. » Tout au long de mes dernières années, la recherche de cet alignement a été un vrai moteur.

Propos recueillis le 26 avril 2019 - Carole Babin-Chevaye

"La seule chose promise d’avance à l’échec, c’est celle que l’on ne tente pas. »
Paul-Emile Victor

Liens connexes

- Le 1er programme de la ScaleSchool d'Open Team : http://spiralfarmhouse.co/
#Biodynamie #Kenya #Scalabilité

- le lien pour aider Open Team à rayonner avec plus de force et de moyens :
https://www.globalgiving.org/projects/support-trainings-for-sustainable-farming-in-nepal/

- Vlan, podcast de Grégory Pouy avec Olivier Maurel :
http://www.gregorypouy.fr/category/podcast-vlan/
#Ecologie #JoannaMacy #InventerSaVie

- Co-Gîtons, séjours de ressourcement et de créativité, proposés par Olivier Maurel :

http://www.co-gitons.fr/
#Ressourcement #Créativité #IntelligenceCollective

Mais aussi, sur mondedespossibles.today :

- Joséphine Bouchez et Ticket For Change :
http://www.mondedespossibles.today/blog/josephine-bouchez-ticket-for-change-entre-petits-et-grands-defis
#Impact #Entreprendre #EconomieSocialeEtSolidaire

- Isabelle de La Porte, maraîchère aux semis de paix :
http://www.mondedespossibles.today/blog/isabelle-de-la-porte-maraichere-aux-semis-de-paix
#Permaculture #Biodynamie

Joanne Schanté, Co-fondatrice d'Open Team

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