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2040... avec Michaël V. Dandrieux

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Réconcilier l'entreprise et la société avec Michaël Dandrieux, sociologue de l'imaginaire.

Dans le podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons", réalisé avec les Eclaireurs - le média des initiatives positives de Canal+ Group - et l'Institut des Futurs souhaitables, Mathieu Baudin, Directeur de l'Institut reçoit un.e invité.e qui lui partage son regard sur l’époque, confie ses visions de futurs souhaitables et ses contributions concrètes pour les faire advenir. Ces échanges se finissent sur un conte situé en 2040, que nous écrivons, Matieu et moi, sur la base des propos et projets de l'invité.e.

#CParti! #CapSur2040

Réconcilier l'entreprise et la société, avec Michaël V. Dandrieux, sociologue de l'imaginaire

2040…

Fraîchement débarqué

sur les quais

de ton île de cœur, Égine.

Michaël V. Dandrieux : Comme je suis heureux de t’accueillir ici Mathieu !

Viens, je t’emmène boire un verre au café Aktaion, juste à côté, entre port et criée.

C’est toujours un café authentique,

où il est facile de reconnaître les pêcheurs : ils se tiennent à l’ombre.

Et comme ni moi ni toi ne parlons le grec, le bruit de leurs conversations est aussi peu dérangeant que le silence ou les sons de la mer…

Je suis content de revenir ici

là où tu t’es enfin décidé à consacrer ton temps à la littérature,

la seule science qui parvient toujours à la vérité, disais-tu déjà il y a 20 ans.

La Grèce a bien changé,

autrefois montrée du doigt comme mauvaise élève d’un système qui ne tenait plus.

L’histoire nous a montré qu’elle a inspiré de nombreuses nations en termes de résiliences territoriales, particulièrement grâce à la force de sa jeunesse innovante.

Je me souviens, à cette période, de ton idée à la fois simple et pragmatique

qui remettait en cause cette doxa de l’époque, particulièrement prégnante dans les entreprises, le fameux : la fin justifie les moyens.

Et toi inlassablement de questionner : Mais qu’est-ce qui justifiait la fin ?

Cela t’obsédait !

Comment une entreprise pouvait-elle savoir qu’un produit était bon ou mauvais ?

Et comment avait-elle idée des conséquences de ce qu’elle lançait sur les marchés ?

Sur la santé.

Sur le lien social.

Sur les comportements ?

Plutôt que des forces commerciales,

tu avais proposé aux entreprises de recruter des sociologues, anthropologues et autres philosophes afin qu’ils testent culturellement les produits, les services, les innovations,

mais de l'intérieur.

Comprendre…

si tel ou tel produit procurait un confort essentiel ou superflu.

S’ils pouvaient avoir des impacts bénéfiques… parfois invisibles à première vue.

S’ils participaient à rendre le monde plus habitable pour celles et ceux qui y vivaient.

La première étape a été une série de micro événements : un TEDx donné à l’université de Babson en 2021, pour de jeunes entrepreneurs. Ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, contribuent à l’équilibre du monde.

Puis il y eut la création du CERES, Centre Européen de Recherche sur l’Entreprise et la Société, qui comme la déesse antique à laquelle fait penser son acronyme accueillait tous les chercheuses et les chercheurs désireux de fertiliser le champ immense de l’entreprise, en y intégrant les sciences humaines au cœur même des sociétés.

Ce changement de regard a été décisif pour finaliser le rêve de Patrick Viveret,

« Reconsidérer les richesses, en changeant les batteries d’indicateurs ».

Avec pour clé de voûte, l’indicateur d’habitabilité.

Posant la question en ces termes : en quoi ce que l’on vient de produire rend le monde plus habitable à ceux-là mêmes qui sont censés y vivre ?

Chaque produit a été doté d’une pastille, avec une lettre d’Alpha à Gamma,

résumant l’ensemble des sous-indicateurs du type

consommation énergétique,

recyclabilité,

commerce équitable....

Plus personne ne pouvait faire fi des conséquences d’un service ou d’un produit.

Au moment de les vendre, chacune et chacun s’est alors mis à se dire : je suis responsable…

de la santé de celui qui va les consommer,

de la santé du milieu,

de celle de la planète.

Ainsi, à chaque fois qu’il y avait transaction, il y avait occasion de mieux connaître le milieu dans lequel elle s’exécutait plutôt que de l’en séparer.

-En quoi ce que l’on vient de produire rend le monde plus habitable à ceux-là mêmes qui sont censés y vivre ?

Au début des années 30, les gens se sont étrangement lassés d’être riches...

En 2032, lors du schisme engendré par la Charte d’Égine, un nouveau classement mondial des écoles s’est même imposé et nous a fait sortir de la confusion des choses.

Avec d’un côté, les écoles de business, de chrématistique comme disaient les Grecs, c’est-à-dire l’art de faire se multiplier les richesses sans raison. Et de l’autre, les écoles de commerce, qui portaient le projet de l’économie, de l’Oikos nomos, … de l’administration de la maison, et qui plus est, de la maison commune.

-Au début des années 30, les gens se sont étrangement lassés d’être riches...

Dans ces écoles de commerce réhabilitées,

Apparurent des cours de présence d’esprit

soutenus par la chaire de géo-ontologie.

Des cours, pour être là…

Autant dans l’espace que dans le temps.

Préalable indispensable s’il en est pour habiter le monde.

En 2021, tu me confiais l’espoir qui était alors le tien,

que chacune et chacun soit parvenu à trouver son île.

Son lieu immuable.

Et il est réjouissant de constater qu'aujourd’hui,

une partie de la population semble l’avoir trouvée…

celle-là même qui, délaissant le flot des infos continues,

s’est remise à lire l’Odyssée...

Mathieu Baudin & Carole Babin-Chevaye

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Pour retrouver cet épisode du podcast "Dites à l'avenir que nous arrivons" :

Réconcilier l'entreprise et la société avec Michaël Dandrieux, sociologue de l'imaginaire
Réconcilier l'entreprise et la société avec Michaël Dandrieux, sociologue de l'imaginaire
Réconcilier l'entreprise et la société avec Michaël Dandrieux, sociologue de l'imaginaire
Réconcilier l'entreprise et la société avec Michaël Dandrieux, sociologue de l'imaginaire

Et le livre "Dites à l'avenir que nous arrivons", Ed. LEDUC :

Dites à l'avenir que nous arrivons