Revenir au site

2040... avec Frédéric Lopez

broken image

Oser le journalisme de solutions : au pire ça marche, avec Frédéric Lopez, journaliste

Dans le podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons", réalisé avec les Eclaireurs - le média des initiatives positives de Canal+ Group - et l'Institut des Futurs souhaitables, Mathieu Baudin, Directeur de l'Institut reçoit un.e invité.e qui lui partage son regard sur l’époque, confie ses visions de futurs souhaitables et ses contributions concrètes pour les faire advenir. Ces échanges se finissent sur un conte uchronique, situé en 2040, lu par Mathieu, que nous co-écrivons sur la base des idées et éléments de l'invité.e.

#CParti!

broken image

2040, entre Gard et Lozère.

Qu’elle rayonne cette vallée qui nous fait face, recouverte de cette forêt à perte de vue !

Le panorama est ici, d’année en année, de plus en plus beau.

Arbres et animaux y ont repris leurs droits,

comme le lynx, nouveau symbole de ces collines bleues  de ces Cévennes que nous aimons tant tous les deux.

Je suis content de te retrouver, Fred,

En arrivant ce matin, je me rappelais nos échanges d’il y a 20 ans… en 2020.

Tu étais alors en train de lancer sur orbite l’émission « Au pire, ça marche »,
un magazine de construction massives qui relayait toutes les initiatives et meilleures pratiques de toutes celles et ceux qui œuvraient partout sur Terre pour bâtir un monde plus souhaitable. Mettant en évidence combien nombreux étaient celles et ceux qui étaient en mouvement ; inventant, créant de nouvelles alliances pour des résistances pleines de vie.

Elle montrait aussi que ces actions étaient à la portée de toutes et tous, chacun à son échelle.

La prolongation digitale de l’émission a largement participé au déploiement de ce qui est devenu un cri d’optimisme offensif autant qu’une vaste communauté de valeurs,

où nous étions tous plus conscients que jamais des interdépendances de ce monde.

Tout cela a fait des petits. Très vite d’ailleurs.

Dans chaque immeuble. Chaque quartier. Chaque village.

Tu te rappelles, lorsque tu passais ton temps à aller au bout du monde, au début du siècle ?…

Tu revenais chaque fois étonné par tous ces gens qui, n’ayant rien, avaient pourtant l’air si joyeux. Témoignant d’une tranquillité d’esprit à toute épreuve, où la solidarité n’y était pas un concept mais une évidence !

Voilà que nous commencions à toucher à cela...

-L'émission montrait aussi que ces actions étaient à la portée de toutes et tous, chacun à son échelle.

En parallèle, à partir de 2024,

la formation des journalistes a fait l’objet d’une grande refonte.

Influencé par un mouvement venu de Suède et particulièrement de l’Institut Hans Rosling, l’enseignement a mis l’accent sur la parité émotionnelle.

Un équilibre plus subtil entre parler de l’information qui aide à comprendre les problèmes et celle qui aide à comprendre comment les résoudre.

Les médias, conscients qu’ils n’étaient pas seulement témoins de la vision de ce monde qu’ils nous transmettaient, mais aussi acteurs, se sont mis à diffuser d’autres messages…

Confrontés à la disruption de leurs modèles économiques,
ils ont décidé de transmuter pour survivre ou plutôt pour revivre.

En effet, comme d’autres secteurs forcés par l’introspection ils en ont profité pour renaître.

Pour redonner du sens à leur travail.

Pour renforcer leurs valeurs pour impliquer et écouter davantage leurs audiences et leur proposer de s’impliquer différemment.

Dans le même temps, l’idée de Karen Bastien sur la formation aux datas a pris sa place dans les programmes. Sortir de la dictature de chiffres isolés, sans contexte ;

apprendre à les relier pour en dégager des éléments de compréhension élargie.

Les citoyens ont ainsi mieux capté la réalité des questions et la diversité des réponses possibles. Ils se sont mis à imaginer des solutions locales aux problèmes globaux.

Dans les années 2026, il y eut comme une bascule.

Où l’idée de prendre soin les uns des autres est devenue une évidence dans les entreprises en général, mais dans les médias en particulier.

On connaissait depuis bien longtemps combien l'altruisme et la gratitude ouvraient la voie au bonheur. Mais là, nous le vivions... nous l’expérimentions.

C'est comme ça que le mouvement s’est déployé à grande échelle.

Cet empouvoirement était contagieux, et de petites victoires en plus grandes batailles l’idée que seul on va vite, mais qu’ensemble on va plus loin a fait flores.

Des actions de buycott qui faisaient converger le choix des consommateurs vers des causes plus justes se sont étendues. Par des actions de terrain, par des choix individuels et collectifs coordonnés et relayés par les médias,

nous avons obligé les industriels et les États à devenir plus responsables,

exigeant ainsi plus de justice, sociale et environnementale.

Il n’était plus question que certains d'entre nous restent sur le bord de la route.

-On connaissait depuis bien longtemps combien l'altruisme et la gratitude ouvraient la voie au bonheur. Mais là, nous le vivions... nous l’expérimentions.

C’est en 2029 que la bascule est devenue inévitable.

La crise de confiance à l’égard de nos représentants politiques comme des industriels était en effet devenu telle que le principe d’élections sans candidats s’est imposé.

Chacun s’est mis à désigner celles et ceux en qui il avait confiance,

pour une tâche précise et pour une durée identifiée.

Et nous nous sommes mis à valoriser les profils de celles et ceux qui étaient engagés dans l’action, rendant obsolète l’attitude de ceux qui ne pensaient qu’à accumuler — titres, pouvoirs et honneur.

En 2032, LA vice-première ministre du Temps Long a pris une décision remarquable concernant l'école : inscrire au programme la méditation.

Y apprendre ainsi à se connecter à son ressenti.

Sans jugement.

Et le faire en permanence, pour aligner ses choix de vie avec ses besoins.

Les enfants le firent donc à l’école. Puis très vite, à la maison bien sûr !, pollinisant ces pratiques d’analyse de leurs sensations et besoins.

 

Ainsi reconnectés à nos émotions,

conscients de notre vulnérabilité, de notre fragilité,

nous sommes devenus plus attentifs à la manière dont on nous parlait.

Les incessantes sollicitations du monde marchand,
des chaînes d’info comme des empires digitaux, ont alors perdu de leurs attraits…

Chacun ayant retrouvé sa pleine liberté pour choisir entre le monde virtuel et le monde réel ce qui pour lui était de l’ordre de l’essentiel.

Mais… tu as vu l’heure ? Il faut qu’on file ! Les enfants vont nous attendre !

J’ai trop hâte de ce déjeuner à la cantine intergénérationnelle. Tu m'as tellement raconté ces bouquets d’échanges, de rires et de connivences entre enfants et seniors du village, auxquels tu participes dès que tu le peux.

Une évolution plus qu’une révolution qui comme tant d’autres,

était perçue à ses débuts comme ridicule,

puis assez vite comme dangereuse tant elle transformait en profondeur,

et qui est reconnu désormais comme une évidence.

Sur une idée de Frédéric LOPEZ - Texte de Mathieu BAUDIN & Carole BABIN-CHEVAYE 

broken image

Pour retrouver cet épisode du podcast "Dites à l'avenir que nous arrivons" :

broken image
broken image
broken image
broken image

Et le livre paru aux éditions LEDUC :

broken image