Simplon et ses chiffres parlants, son succès croissant… Tout semble dit sur ce dispositif si différent de notre système éducatif à réinventer. Qui ouvre de nombreuses voies, explore d’autres façons de faire, disrupte un enseignement trop peu chahuté ces dernières décennies. Magnifiques résultats !
Mais de rencontrer Fred Bardeau est toujours matière à surprise !
Avant Simplon, je l’avais rencontré dans sa phase « expert » dans la communication des ONG, Il y a plus de 5 ans. Communication responsable déjà, comme tant d’autres n’en n’étaient encore qu’aux paillettes et éphémères coups de projecteur. Je l’ai ensuite découvert observateur éclairé d’Anonymous. Puis auteur.
Et c’est l’homme de Simplon, d’abord suivi de loin, que j’ai retrouvé récemment, via l’Institut des Futurs Souhaitables.
Si l’on connaît ses intuitions et succès, j’ai aimé découvrir un démarrage moins… en ligne droite. Disons moins évident ! Entre essais et erreurs, la route de celui qui commence sa présentation par : « J'ai 5 enfants, 42 ans, une femme et une ex-femme » m’a inspirée !
Et c’est ce zoom sur un chemin peu ordinaire, où les intuitions et coups de cœur ont rencontré actualité et tendances, que j’ai eu envie de braquer mes mots et projecteurs.
6 questions pour capter cette route peu linéaire !
1 - La notion d’engagement semble une véritable colonne vertébrale dans ton histoire : une culture familiale, une décision ou autre chose encore ?
Mon « social Calling », mon lien à l'engagement, est un peu particulier. Je ne me suis pas réveillé un matin engagé, mais j'ai cherché des pistes à mon engagement, lesquelles sont pas mal passées par l’échec !
Ma première envie d'engagement : j'avais envie d'être journaliste de guerre. Un kiff d’adolescent.
Je suis donc parti faire des études de sciences politiques à Toulouse, où j'avais alors ma petite amie… Cela vous donne une idée du « comment » je fais mes choix professionnels !
J’ai fait d’autres choses en parallèle, et me suis rendu compte assez vite que cela allait être compliqué d'être journaliste de guerre, qu’il avait très peu de place.
Face à cette difficulté, je me suis dit « je vais arrêter le journalisme, et ne garder que la guerre ». Et cap sur le concours de l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, où j’ai été reçu major de promotion – on est en 1996. J’arrive à Saint-Cyr disons… déjà un peu « formé sur un autre système d'exploitation » comment on dit en informatique. C’est vrai que cela a été compliqué de me déformer pour fonctionner dans un autre système ! J’ai encore en tête la réponse faite au colonel - peu surpris que je démissionne rapidement, mais me demandant pourquoi : « Vous comprenez mon colonel, j’ai un problème avec l’autorité. Je n'aime pas recevoir des ordres. Je n'aime pas en donner. Donc je me dis que je ne suis pas à ma place. »
Le choix de démissionner paraissait plus simple en effet ! Exit donc ces options d’être journaliste de guerre, militaire ou guerrier.
Dans l’idée de rester dans le même trip, je suis alors parti passer le concours de la DGSE. Pour être… espion ! Concours réussi. Mais là, quand vous voulez rentrer à la DGSE, il y a ce qu'on appelle une enquête de sécurité.
Je me souviens encore du jour où 3 colonels en civil m'accueillent dans la salle, et me disent « Super. Supers épreuves physiques, note de synthèse, anglais, tout va bien. Mais, vous savez que ça ne va pas être possible ? »
Je réponds : « Ah bon… et pourquoi ça ne serait pas possible” ?
Il m’a alors été rappelé l’entièreté de mon dossier de gendarmerie, dossier qui est composé, non pas des condamnations que vous avez – si j’avais des condamnations, je ne pourrai pas être chef d’entreprise -, mais de l’ensemble des choses que vous auriez pu être amené à faire, ou dont on aurait dit que vous les auriez faites. Un certain nombre de ces choses m’a été raconté par le menu, dont notamment, dans le cadre des manifs anti sommet G8 à Évian, cette matinée entière passée à jeter des pierres sur des CRS…
Je compris mieux pourquoi cela ne serait pas possible ! Je ne serai donc pas espion non plus.
2 - C’est rigolo de vouloir aller dans ces mondes quand on n’aime ni la hiérarchie, ni donner ou recevoir les ordres ! Et comment trouver une autre forme d’engagement après ces premiers bouts de route si marqués ?
Je suis rentré dans une agence de communication !
Par hasard. Parce qu'il fallait quelqu'un pour écrire des communiqués de presse sur les chars Leclerc, pour un salon d'armement. Et là, j’avais la technicité pour le faire. J’y suis arrivé en tant que stagiaire.
Mais il y avait quelque chose de très particulier dans le bureau du stagiaire : c’était là qu’était le seul poste connecté à Internet de toute la boîte !
En ce 3 septembre 1997, j'ai posé mes mains sur le clavier. Et là, ma vie a basculé.
J'ai été foudroyé. Une vision à la Star Wars. Et pour moi, il y avait quelque chose du genre : « ce truc-là est démentiel. L’empire du mal va se l’approprier, il va y avoir encore plus de gens riches, il va y avoir encore plus de surveillance. Ça va être horrible. Il faut que j‘en sois un de ses Jedi » !
C'est le seul point d'engagement qui peut être cohérent avec mon parcours, ainsi qu’avec Anonymous – mais on va y revenir. Et je n'ai eu de cesse de rapprocher mes activités professionnelles de ce sens de l'engagement et de l'internet.
Je suis devenu assez rapidement, dans les agence de communication, le spécialiste de l'Internet pour les ONG. De stagiaire, je suis passé à « cyber consultant » - j’ai encore la carte de visite d’alors : « cyber consultant », ça envoyait pas mal ! -. Je travaillais avec les ONG, les aidais à se numériser, à faire du fundraising en ligne.
J’ai aussi commencé à donner des cours d'innovation numérique au CELSA, où j'ai rencontré plein de gens super. Et j'ai fini par monter une agence spécialisée sur les questions de communication pour les ONG, sur la RSE ; agence qui existe toujours d'ailleurs.
Donc agence de communication ; on est en 2010.
Et en 2010, il y a quelqu'un qui vend des fruits et légumes et qui s'immole par le feu à Sidi Bouzid, dans le sud de la Tunisie. C’est le démarrage du printemps arabe…
A ce moment, j’ai une intuition. Et je commence à tout noter, tout documenter, dans l’idée, ensuite, de faire en sorte que les ONG utilisent les mêmes techniques que les activistes des printemps arabes pour leurs plaidoyers et la communication de leurs actions. Cela peut faire bizarre…
3 - Cela semble bien vu : les modes et codes de communication de révolutions relayées à travers le monde, et devenant matière à inspiration pour les ONG dans leurs actions et prises de paroles ! Bonne pioche ?
L’histoire ne s’arrête pas là… En 2011, Wikileaks suspend officiellement ses activités éditoriales pour se mobiliser contre le blocus financier dont il fait l’objet. Anonymous sort de terre médiatiquement et prend la défense de Julien Assange. Ils deviennent vraiment une force internationale.
Et là, rebelote : je dis à mon pote et binôme Nicolas : « on va noter tout ce qui se passe parce que Anonymous, c'est comme une espèce d’ONG. Et tout ce qu'ils font en termes de communication, les vidéos, les attaques, etc., on pourrait l’appliquer aux ONG. » Et on a commencé à prendre la main courante de tout ce qu’il se passait, dans l'idée de le transposer sur des logiques d’ONG ou de plaidoyers.
Un jour, en plein milieu des attaques par Anonymous, on organise une rencontre entre des ONG et des membres d'Anonymous. C'était des Anonymous en mode masqué ou des gens qui n'étaient pas dans la logique Anonymous mais dans des mouvements connexes ; ceux-là agissaient alors à visage découvert, mais sous pseudonymes. En face, des ONG dont Greenpeace, Oxfam, ADT Quart-Monde.
J'ai commencé en disant “Prenons un exemple : Greenpeace, vous vous introduisez dans une centrale nucléaire pour montrer qu’il y a une faille de sécurité.
Ou Anonymous, vous vous introduisez dans des serveurs pour montrer qu'il y a une faille de sécurité.
En fait, vous faites le même travail !”
Je pensais que le dialogue allait commencer comme ça. Mais… pas du tout !
Les ONG ont dit « Nous, on a pignon sur rue. On a des avocats. On est dans la légalité. On n'a rien à voir avec ces espèces de sbires. ». Et Anonymous de rétorquer : « Nous, on n'est pas des fonctionnaires de l’activisme, on ne fait pas du marketing pour avoir des dons. Il n’y a pas d’argent chez nous. On est des purs. »
Je me suis dit que ça allait être compliqué de les faire fusionner ou du moins, travailler ensemble ! 😊
On a cependant continué à documenter les attaques d’Anonymous. Et un soir, j’ai reçu un appel de Nicolas. Il était 2 h du mat, et m’a dit “C’est marrant, tu sais quoi ? il y a quelqu’un qui m’a demandé si on connaissait quelqu‘un pour écrire un livre sur Anonymous”. Et je lui ai dit “C’est nous. On a tous les docs ! »
Les docs… oui. Mais on ne savait pas écrire des livres !! Et on l’a fait ! On a écrit le 1er livre francophone sur Anonymous. Qui date maintenant, puisqu’il est de 2011.
L’intuition de l'éditeur était bonne. On est sortis au super bon moment dans l'actualité.
4 - D’Anonymous et la culture des hackers, jusqu’à Simplon, l’école du numérique s’adressant à ceux qui sont loin du système : ça devient presque une ligne droite ça ?!
Anonymous, ce n'est pas un parti politique, et ce n'est pas une ONG. Il n'y a aucune unité idéologique ou géographique sociologique à ce mouvement-là. C’est vraiment une gouvernance très particulière. Avec beaucoup de clash. On s’est intéressé à cette mouvance-là de l’extérieur, puis de l’intérieur.
Et puis un jour, Megaupload a été fermé ; ce qui a donné une armée d’ados qui ne pouvaient plus télécharger leurs films. Ils ont débarqué sur le forum d’Anonymous, en disant “C’est un scandale ! c’est une atteinte à nos libertés individuelles ! On ne peut plus télécharger illégalement les choses. Les gars, on est avec vous maintenant. On nous a spolié nous aussi. » Et là… ils se sont fait recevoir assez vertement, sur le mode : “Vous n’avez aucune culture politique. Vous n’êtes même pas des hackers. Vous pensez qu’Anonymous défend le téléchargement illégal, vous n’avez rien compris, dégagez ! »
Cela m’a choqué, car cela a été assez violent. Je demandais « Pourquoi vous ne les acculturez pas ? Comment vous leur montrez qu’effectivement c'est différent ? Comment coder ? Mais aussi, comment être anonyme ? Ou comment s'intéresser aux libertés ? »
Aujourd’hui encore, chez Simplon, quand on commence les ateliers pour enfants, on leur demande toujours qui est le plus intelligent : un ordinateur ou un humain. Et ils répondent tous : un ordinateur. Et bien ça, cela n'est pas possible ça !! On a un rapport à la technologie qu'il faut inverser. Et il faut donc leur apprendre !
Par exemple, ce qui est intéressant dans le coding, c’est que cela met dans une position du type : « je comprends comment ça marche. Je comprends que je ne suis pas obligé d'être un utilisateur. Je peux aussi avoir la main. Si les machines font des trucs idiots, je peux les maîtriser ».
Mais à ce moment, chez Anonymous, on avait toujours la même réponse. Qui était : “ A chacun sa merde. Nous on a appris tout seul. Ils n’ont qu’à se démerder. On n'est pas leur nounou. Ils n’ont qu'à chercher”.
Or pour moi, ce n’était pas possible de ne pas démocratiser politiquement et techniquement le pouvoir et la conscience politique que certains hackers avaient. Donc… nos liens se sont arrêtés là !
Quelques mois après, des étudiants que j'avais eu en cours au CELSA m'ont rappelé et ils m'ont raconté… Simplon et l'histoire telle qu'elle est vraiment aujourd’hui.
5 - Ce projet qui est devenu Simplon, c’était d’abord une histoire de coding et d’une formation à la culture citoyenne, ou d’abord un projet à destination des moins favorisés ?
Ces étudiants avaient découvert les moyens de former de manière accélérée des débutants aux métiers techniques de l'informatique en quelques semaines. Ce qui matchait super bien avec le marché, car la Silicon Valley avait de grands besoins de développeurs et les facs n’en créaient pas assez. Le souci c'est que ce format-là - le boot-camp -, était payant et s'adressait plutôt à des gens en reconversion choisie… pas forcés quoi ! Des gens du marketing, de la comptabilité ou autre, qui voulaient aller bosser dans la Silicon Valley.
Le projet consistait donc à prendre le même type de méthode, mais à le faire gratuitement pour des personnes sans emploi, au chômage depuis longtemps, ou des réfugiés. Mieux, on voulait les payer pour qu'ils puissent être libérés de tout contingence matérielle et puissent se concentrer sur leur apprentissage.
Je passe une nuit dessus, pour finalement dire le lendemain, à mon associé de l'époque : « je pars faire ça » ; c’était en 2013. Et on s’est jetés dans l’aventure !
Le constat de base : faire le matching entre des besoins de compétences numériques et les gens les plus loin de l’emploi, les plus loin du numérique, pour les former gratuitement à ces métiers-là.
Et on est arrivés pile-poil au bon moment. L'école 42 était en train de naître, ainsi que d'autres acteurs. Il y avait une espèce de mouvement mondial qui a éclos en France, mais on était les premiers de cordée sur ce côté inclusif.
L’aventure a ainsi commencé à Montreuil, dans une ancienne usine ; en payant les 30 premiers « étudiants » au SMIC, qu'ils puissent se concentrer sur l’apprentissage.
On n’a pas trop pensé au modèle économique ; cela s’appelle l’économie sociale et suicidaire !
Et donc au bout du 3ème mois, plus d’argent ! Bam… Il nous restait que nos fonds propres, et la possibilité de racketter nos frères, nos sœurs, etc.
6 - C’est sûr que faire le matching entre des besoins de compétences numériques et les gens les plus loin de l’emploi : projet magnifique ! Mais quel peut être le modèle économique de pareille vocation ?
On a mis 2 ans à le trouver !
On a essayé toutes les possibilités de gagner de l’argent, sans nous distraire de la mission sociale de Simplon : former gratuitement des gens un peu différents. Il y a eu la facturation d’ateliers pour enfants ; ou des séances de formation dans les entreprises parce qu'on s'est rendu compte que dans les entreprises aussi, il y a des décrochages numériques… Il n'y a pas que chez les chômeurs qu'il y a des illettrés du numérique !
On a aussi vendu des formations pour des cadres des COMEX (Comité Exécutif) de grosses boîtes : cela marche hyper bien ! On prend nos apprenants - les chômeurs -, et on les met en face des cadres ; c’est eux qui les forment, en reverse mentoring. Cela a donné des décrocheurs de missions locales donnant des cours de python à des X du Comex d’Orange France par exemple ! Rigolo !
Et on a fait un modèle économique alternatif comme cela. Au bout du troisième mois, les territoires d’outre-mer, à l'étranger et en ruralité nous ont appelés en disant : “ On a entendu parler de vous ; on veut la même chose. Comment on fait ?” On n'avait pas fini la première session -, et je leur ai dit… « On va vous accompagner. On a tout un kit, il y a aucun souci. On va vous aider à monter votre école. » Et on a commencé à franchiser quelque chose… qu’on n’avait pas fini de monter !
Puis il y eut « La France s’engage », “Grande École du Numérique”, Ashoka, la Fondation EPIC et c’est parti comme une traînée de poudre.
Côté modèle économique donc, tout le monde sait que Pôle Emploi, les régions et les OPCA payent des gens comme nous pour former les chômeurs. Mais nous, on l'a découvert au bout de 2 ans !
On a donc commencé à expérimenter des modèles économiques alternatifs, mais le vrai modèle, on l'a découvert au bout de 2 ans, et maintenant on l’a. Mais on a tous les autres aussi ! On utilise le mécénat, les subventions, et tous les autres modèles - comme l’activité Simplon Prod qui permet à des anciens apprenants de nos formations de rester à Simplon en tant que salariés, pour créer des sites web et des applications qu’on facture à des clients - pour pouvoir aller le plus loin possible dans les publics et dans les territoires. Et on a fait des levées de fonds pour continuer l'activité auprès des grands financeurs de l’économie sociale et solidaire (France Active, Caisse des Dépôts, Phitrust, Crédit Coopératif, INCO et Aviva, Amundi).
Côté chiffres : on était 4 en 2013 ; 110 personnes travaillent aujourd'hui chez Simplon et on va avoir cette année 10 millions d’euros de budget.
35 écoles se sont ouvertes dans les quartiers populaires, en ruralité, en outre-mer ; à l'étranger aussi : au Liban, à Molenbeek, à Dakar, c'est bientôt 15 ou 20 autres qui vont ouvrir en France mais aussi à Abidjan, à Tunis, etc.
Plus de 1 500 personnes ont été formées en 4 ans. Et c’est maintenant 1 000 personnes par an qui sont formées, dont 30% de femmes, notre grande fierté ! Avec notre taux de retour à l'emploi de 80 % dans les 6 mois. Un truc de fou, même si c’est vrai qu'il y a du boulot dans le numérique.
Mais la transformation numérique que l’on vit en ce moment fait décrocher plein de gens, à tous les niveaux ! On risque d’être tous impactés à un moment ou un autre par un décrochage numérique : chômeurs ou salariés, Bac ++ ou --. Cela va tellement vite!
D’où la création de Simplon Corp, notre activité d’accompagnement pour les salariés impactés par la transformation numérique, et qui se développe très vite en mode “minority report” du chômage, pour empêcher le salarié de perdre son employabilité...
La méthode Simplon, que Frédéric décrit comme « Learning by doing, learning by teaching et learning by “tu te démerdes” » semble rejoindre la priorité de tout employeur et organisme de formation. Celle de mettre l’apprenant en situation d’apprendre à apprendre, à se débrouiller seul - qualité cardinale d’un développeur aujourd’hui, mais qui va être demandée à chacun des salariés. Etre autonomes dans son apprentissage, dans la gestion de ses compétences.
Simplon formule tout un panel de nouvelles réponses, adaptées aux besoins de nombreux secteurs ou métiers et au défi d’aujourd’hui : celui d’accompagner chacun dans ce monde où tout bouge à la vitesse grand V.
Beaucoup de respect pour ce projet et ses protagonistes, mais aussi, et plus globalement, pour ce chemin fait de rebonds et de passion !
Merci Frédéric, pour cette énergie, ces couleurs de vie que tu oses, et ce chemin inspirant !
Carole Babin-Chevaye