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2040... avec Anne-Sophie Novel

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Retrouver une bonne hygiène informationnelle, avec Anne-Sophie Novel, journaliste.

Dans le podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons", réalisé avec les Eclaireurs - le média des initiatives positives de Canal+ Group - et l'Institut des Futurs souhaitables, Mathieu Baudin, Directeur de l'Institut reçoit un.e invité.e qui lui partage son regard sur l’époque, confie ses visions de futurs souhaitables et ses contributions concrètes pour les faire advenir. Ces échanges se finissent sur un conte uchronique, situé en 2040, lu par Mathieu, que nous co-écrivons sur la base des idées et éléments de l'invité.e.

#CParti!

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27 août 2040...

Je te retrouve dans ces arbres où ta maison a patiemment poussé dans cet entre-deux-mers où ta famille a décidé de s’épanouir.

Même si depuis les élections de 2021, la Nouvelle-Aquitaine est devenue la première région en transition du continent européen, tu n’as jamais regretté d’avoir quitté Bordeaux et le masque à purificateurs d’air que parfois, l’on doit encore y porter par temps de mauvaises particules.

C’est que, malgré toutes nos avancées, l’industrie - et son déni stratégique - est tenace. Tu partageais déjà ces inquiétudes lors de la grande crise de confiance des années 20.

Le Brexit, l’élection de Trump, la contagion des fake news à grande échelle...

Et cette expression - Faits alternatifs- qui consacra le paroxysme du problème auquel tu as voué ta vie : le rétablissement de la confiance entre le public et les journalistes.

La pandémie de Covid 19 marqua un tournant.
Les gens confinés chez eux se sont retrouvés avec du temps et des écrans pour seules fenêtres sur le monde.

Subie ou choisie cette grande pause a permis de faire l’inventaire de l’essentiel.

Et avec lui l’importance de bien s’informer.
Nombreux sont celles et ceux qui dans ce moment particulier se sont réabonnés à des médias, acceptant l’idée de payer pour des informations de qualité.

- Subie ou choisie, cette grande pause a permis de faire l’inventaire de l’essentiel. Et avec lui l’importance de bien s’informer.

Cela fut un peu comme le Slow food,
qui avait mis près de 20 ans à émerger,
avant de se répandre comme une évidence.

C’est à cette époque que de jeunes journalistes se sont engagés.
Pour faire bouger les lignes.
Montrer que l’information incluait tout autant de reporter l’actualité,
d’expliquer le monde tel qu’il était, que d’éclairer celui qui arrivait.

Les médias classiques s’y sont mis aussi, cherchant à comprendre cet afflux de nouveaux consommateurs, et surtout, comprendre comment répondre à leurs besoins.
Et là où, très peu s’étaient mobilisés auparavant sur des thématiques comme le climat,
nous avons vu apparaître une vraie prise de conscience de leur part,
captant le rôle qu’ils pouvaient jouer sur ces problématiques,
mettant leur puissance au service d’un horizon.

Je me souviens de ta drôle de brigade. C’était en 2022… non ? La Brigade de Coaches Informationnels ! A la croisée des Coaches en curiosités, qui proposaient des pas de côté pour nous faire sortir de nos bulles algorithmiques dans lesquelles le design des réseaux sociaux nous avait enfermés, des bibliothérapeutes, qui prescrivaient des passages de livre pour soigner nos maux existentiels, et des naturopathes , qui analysaient nos fonctionnements comme nos insomnies et nos degrés de stress,

ces coaches conseillaient des régimes informationnels pour bien se nourrir d’informations
Et l’idée prit !

Petit à petit, l’organisation se développa,
reconnue d’utilité publique par l’État et intégrée de manière plus large dans les Écoles de Journalisme, elle influença profondément les Médias.
Devenue une véritable maillon entre ceux-ci et le public, elle mit en place de véritables vigies de terrain. Accessibles. Implantées dans les territoires.

Vers 2026, ces initiatives dans lesquelles tu t’investissais avec conviction ont atteint une dimension internationale.
Et dès 2030, le nombre de ces petits producteurs d’informations, produisant de l’information en circuit court tels les petits producteurs locaux en fruits et légumes,
était déjà impressionnant !

C’est ainsi qu’aujourd’hui, en 2040, la plupart des journalistes se sont engagés à prendre leur responsabilité.
À considérer leur impact.
Nous prospectivistes, nous passons désormais plus facilement du temps ensemble,
à échanger sur les sujets d’actualités comme sur des sujets du temps long,
dans des espaces de médiation sereins et apaisés.

Soutenus par des abonnés acteurs et exigeants, les médias ont pleinement pris leur part pour offrir une vision de la réalité la plus juste qui soit. Ils ont préféré la controverse féconde aux polémiques stériles. Ils ont aussi changé la façon d’organiser les débats pour y construire les désaccords autant que pour y souligner les convergences.

Nous sommes en fait passés de médias délivrant de la matière à penser
à des médias exhausteurs de réactions, de questionnements, des recherches d’informations autant que d’actions.
Cela permet d’avoir aujourd'hui un fonctionnement démocratique en meilleure santé.

Le lien humain a été primordial dans toute cette évolution.
Accompagné de journalistes acceptant d’écouter le public, de ne pas tout savoir. D’éviter la gouroutisation qui en tentait certains.
Des professionnels sincères,
des raconteurs concernés,
des chercheurs alertant sur les dégâts de la mal-information.
Des mauvaises nouvelles émergeaient encore bien sûr, le monde ne s’est pas arrêté d’en produire. Mais désormais, tous prenaient le même soin à parler des initiatives constructives de toutes celles et ceux qui œuvrent pour changer l’inéluctable.

- Le lien humain a été primordial dans toute cette évolution. Accompagné de journalistes acceptant d’écouter le public, de ne pas tout savoir.

Toi que j’ai connu autrice, journaliste, rédactrice en chef, enseignante, fondatrice de multiples projets et structures, je te retrouve aujourd’hui Impact editor.
Plus que jamais congruente et intégrée dans ce tissu local qui t’est cher.

Mais… je change de sujet. C’est incroyable de voir tous ces arbres fruitiers depuis votre terrasse ! Je me souviens très bien, quand, après avoir nettoyé le terrain des pièces romaines qui s‘y trouvaient, vous en aviez plantés en grand nombre pour préserver le vivant.
Transformer les parcelles de vigne.
Refaire de la forêt naturelle,
et redonner vie à la terre.

Tu me confiais alors vouloir tout autant cultiver ton potager que ta joie de vivre dans ce monde complexe ; mais aussi, cultiver cet ingrédient précieux qui nous relie : la confiance…
Confiance entre consommateurs d’infos et médias.
Confiance dans l’aptitude que nous avons tous retrouvée à échanger malgré nos divergences.
Confiance dans une démocratie ayant retrouvé sa bonne santé et son art de vivre à la bonne heure.

Tient parlant d’heure et d’épopée, regarde qui vient !

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge...

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Pour retrouver cet épisode du podcast "Dites à l'avenir que nous arrivons" :

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Et le livre paru aux éditions LEDUC :

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