Trouver son ikigaï, avec François Taddei, pédagogue.
Dans le podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons", réalisé avec les Eclaireurs - le média des initiatives positives de Canal+ Group - et l'Institut des Futurs souhaitables, Mathieu Baudin, Directeur de l'Institut reçoit un.e invité.e qui lui partage son regard sur l’époque, confie ses visions de futurs souhaitables et ses contributions concrètes pour les faire advenir. Ces échanges se finissent sur un conte situé en 2040, que nous écrivons, Matieu et moi, à partir des mots et projets de l'invité.e.
#CParti! #CapSur2040
Paris. 2040.
Cela fait longtemps que je n’étais pas venu sur les quais de Seine !
Quand tu m’as proposé de marcher ensemble jusqu’à l’UNESCO, je ne pensais pas ressentir à ce point combien l’atmosphère avait changé !
Entre l’air pur qu’on y respire,
la re-végétalisation voir le ré-ensauvagement des lieux,
les circulations douces
et tous ces enfants jouant sous nos yeux, sans leurs parents,
la ville semble comme… apaisée.
Tu entends ?
François Taddei : Oui , Incroyables toutes ces conversations tout autour de nous…
On a le sentiment que les gens ont enfin eu le temps de se questionner,
d’échanger sur des sujets faisant sens pour eux,
sur leurs en-vies et sur leurs rêves.
La capacité à prendre soin de soi, des autres et de la planète, à toutes les échelles,
semble comme évidente désormais !
Mathieu Baudin : Nous qui, jadis, étions citoyens d’Athènes,
peuple de France,
hier encore ressortissants européens,
nous voilà désormais habitants de la Terre.
Auteurs et acteurs des choix d’une démocratie devenue fractale.
Te rappelles-tu ce jour où l’ikigaï, ce concept japonais, est entré dans l’éducation du monde de façon systématique ?
Les jeunes, dès le démarrage, ont commencé à identifier avec finesse leurs appétences et compétences face aux ressources et aux besoins du monde.
À chaque étape de leur vie,
ils se sont mis à penser leur trajectoire de manière singulière,
rencontrant, via des sites de rencontres d’idées,
des mentors ou des pairs ayant fait un bout de chemin équivalent à celui auquel ils aspiraient.
-Les jeunes, à chaque étape de leur vie, se sont mis à penser leur trajectoire de manière singulière...
Après de nombreuses discussions approfondies, nous sommes alors passés d’un I-ikigaï — de type ego-trip, à un WIkigaï plus collectif, où, comme sur Wikipédia, il était possible de partager en open source ses explorations,
posant la question du… « Qu’est-ce qui fait sens pour nous en tant que projet ? en tant qu’institution ? en tant qu’organisation ? »
Ce fut l’émergence du « Et si nous ? ». Où nous nous sommes mis à co-construire des projets collectifs et des utopies, aidés en cela par le GPS des Rêves.
Désormais, l’idée de Saint Exupéry de faire de sa vie un rêve, et de ses rêves une réalité, est devenue possible du fait de l’alliance de cette technologie et de ces collectifs, augmentant singulièrement le nombre de chances d’y arriver…
-Ce fut l’émergence du « Et si nous ? ». Où nous nous sommes mis à co-construire des projets collectifs et des utopies...
Ces technologies socratiques, réunies dans une Maïeuthèque, nous ont en effet permis de créer cette capacité à accoucher de nos rêves et de nos projets, mais aussi, à visualiser en quoi les ikigaï individuels étaient complémentaires ou en opposition avec l’ikigaï collectif.
Car malheureusement, les ikigaï pouvaient parfois rentrer en conflit.
Les rêves des uns pouvant devenir, sans même le vouloir, le cauchemar des autres.
C’est à ce moment-là que nous sommes sortis d’une vision un peu angélique pour une réflexion s’inscrivant dans la durée.
Et à mettre en place une éthique des rêves et des cauchemars, pour essayer de trouver le bon équilibre qui permettrait de transformer des utopies en réalité sans être totalitaires.
Notre capacité à prendre soin de soi, des autres et de la planète a été la clef.
L’un des momentum a été l’alliance de la jeunesse avec celles et ceux qui développaient les technologies socratiques basées sur la maïeutique en occident et des technologies confucéennes en Asie, basées sur les 3 manières d’y atteindre la sagesse :
- faire des erreurs
- réfléchir longuement
- et apprendre des plus sages autour de nous.
Ensemble, ils ont nourri l’IA différemment, s’inspirant à la fois du meilleur des Lumières, d’Athènes ou de Confucius, mais en s’autorisant également à une analyse critique des systèmes de pensée nés dans d’autres temps.
Cela a permis de basculer pour nous faire revenir à l’essentiel.
De bâtir… en se construisant
à l’écoute de soi,
des autres,
et de la nature.
C’est sûr qu’on a beaucoup progressé en 20 ans.
Dans cette démocratie ouverte à tous, la nouvelle génération prend chaque jour un peu plus la mesure des prochains défis à relever.
Elle ose et pose des questions, toujours plus évolutionnaires… sur les générations futures par exemple : les décisions ne devraient -elles pas être prises par celles et ceux qui en verront l’impact et les conséquences ?
Ou sur la place du vivant : ne devrions-nous pas créer un parlement de choses, qui représenterait au côté des humains les intérêts des animaux, des végétaux ou encore des ressources naturelles ?
Aujourd’hui la conférence à laquelle nous allons participer sous la présidence de la toute nouvelle Secrétaire Générale du Peuple de la Terre, Greta Thunberg, pousse encore un peu plus loin le questionnement.
Aidées par l’IA qui peut désormais agréger le meilleur des philosophies de toutes les traditions de sagesse, ces nouvelles générations dans lesquelles tu as toujours eu tellement confiance explorent et interrogent...
« Quel ikigaï pour l’espèce humaine ? ».
Carole Babin-Chevaye et Mathieu Baudin
Pour retrouver cet épisode du podcast "Dites à l'avenir que nous arrivons" :
Et le livre "Dites à l'avenir que nous arrivons", LEDUC, juin 2020 :