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De Lune Taqqiq à freebip,
l’humanité au bout des doigts…

 

 

 

Lune Taqqiq, artiste plasticienne, cherche depuis toujours le médium le plus approprié pour représenter le langage universel qui tisse des liens entre les êtres. Peinture, illustration, installations, sculpture, écriture et plus récemment les NTIC… Lune explore. L’une de ses créations en cours, depuis plus de 30 ans : freebip. Œuvre du web social, collective, interactive, illimitée dans le temps et dans l'espace. Tout un programme, que j’ai voulu comprendre !
La première fois que je l’ai vue, au ‘Share and Care’ d’Officience, la femme m’a… épatée ! Mélange de foi, d’assertion et d’humilité, entre concepts et concret, au milieu de ces jeunes startupers, elle avançait des mots dont je ne captais pas tout, mais dont je saisissais l’ampleur !
Pour point de concrétion de freebip, une phrase :" le poids d'une pensée peut faire basculer le cours de l'humanité". L’œuvre propose ainsi de nous embarquer, faisant de nous des spectateurs – acteurs – et auteurs de cette œuvre connectée.
5 questions à cette artiste « de l’engagement ».

1. Qu’est-ce que freebip : le coup de gueule, d’espoir, le trait d’un crayon virtuel d’une artiste engagée ?

Rien de tout ça ! Œuvre du web social, via une performance collective et interactive, illimitée dans le temps et dans l'espace, freebip est née il y a 30 ans de cette phrase : " Le poids d'une pensée peut faire basculer le cours de l'humanité". Formulée d’une voix grave, sur un ton mi professoral mi confession, par Charles, vieux plasticien connu à l’accent Alsacien, cette phrase m’habite depuis que je l’ai entendue.

Et c’est ainsi que j’ai imaginé une œuvre humaniste qui propose de représenter visuellement et de manifester physiquement les valeurs qui nous rassemblent. La mise en œuvre de cette création a été soumise à différentes contraintes qui sont maintenant résolues (technologiques, seuil de masse critique du public en capacité de disposer des outils smart média, incrémentation sociétale de l'usage du web social, ressources garantissant l'autonomie de la création). J’en suis à finaliser le développement et elle sera visible très bientôt, accessible à tous.

2. " Le poids d'une pensée peut faire basculer le cours de l'humanité" incarnée par une toile sur/via le web… c’est quoi ton cheminement ?

Depuis un long séjour en Afrique, émergeait en moi le sentiment, la perception, que l’univers dans lequel nous vivons est beaucoup plus vaste et complexe que ce que nous en percevons. Je le ressens depuis lors, comme étant organisé en un fabuleux réseau articulé autour de connexions étonnement précises, et qui se manifestent par des rencontres, des synchronicités, organiques, physiques, intellectuelles, psychiques, oniriques, spirituelles et parfois chamaniques.

J’ai aussi vécu, quelques années, totalement immergée dans la nature. Et les rapports aux connections se sont densifiés. Pendant ce temps, cette phrase continuait à m’obséder… « Le poids d’une pensée peut faire basculer le cours de l’humanité ».
L’illustrer. La matérialiser. La transmettre.
Il me fallait trouver le moyen de collaborer avec mon environnement. Être en accord.

Sur ce chemin, il y eut aussi la lecture d’articles passionnants sur les « créatifs culturels », ou sur le peuple des connecteurs qui « ne votent pas, n’étudient pas, ne travaillent pas, mais changent le monde » de Thierry Crouzet.

Ces connecteurs. La toile du web… Voilà ! Je savais comment faire.
Une toile pour un peintre, indispensable.
Une app en guise de pinceau, pour matérialiser.
J’avais trouvé mon terrain. Le format : le web. L'outil : le smartphone. Le médium : nous.

LA phrase prend enfin une forme physique, palpable, réelle, après ce travail de gestation et de maturation intime. Et c’est une œuvre d’art collective qui doit être réalisée, pour la représenter, sinon elle n’a aucun sens.

3. Mais concrètement, on fait comment pour en être, pour freebiper ?

Pour être Freebipeurs, il suffit de télécharger l’application, puis de choisir la valeur ou le centre d’intérêt qui nous anime en ce moment – en sachant qu’on peut tout à fait en changer, évoluer. Apparaît alors une cartographie permettant de voir à travers le monde toutes les personnes qui sont intéressées par les mêmes sujets que soi. Via différents filtres, il est possible d’appréhender qui sont ces personnes : hommes, femmes, âge, professionnels ayant produit quelque chose à partir de cette valeur, institutionnels, créatifs, ou personnes ayant juste envie d’exprimer ce centre d’intérêt.
L'app nous met alors en rapport avec ceux qui nous intéressent; ainsi, quand on se promène dans la rue, partout dans le monde, et que l'on croise quelqu'un porteur des même centres d'intérêts que les nôtres, nos téléphones bipent dans un périmètre de reconnaissance physique. Je sais maintenant que là, à côté de moi, il y a quelqu'un qui s'intéresse au même sujet que moi.

Le regard que l’on porte sur l’autre va assurément changer. Très souvent nous avons des comportements hâtifs quand on croise quelqu’un, parce que cela fait partie de nos modes de fonctionnement. Et l’on risque tout d’un coup d’être surpris et de se dire « tiens, cette personne, je n’aurais jamais cru ! elle s’intéresse comme moi au même sujet. » Le regard sur l’autre ne pourra plus jamais être le même. On ne pourra plus diaboliser l’autre !
Après, cela nous appartiendra de discuter ou non. Sachant que Freebip est totalement anonyme. On n’y apparaît pas sous son nom. Les idées et les valeurs appartiennent à tout le monde.
Freebip n’a pas vocation à se rencontrer – il y a ce qu’il faut ailleurs ; mais a vocation à donner conscience qu’une ou de nombreuses personnes, proches géographiquement – et dans ce cas, le téléphone bipe -, ou dans le monde, un pays, une zone – et dans ce cas, visualisés sur l’app ou le site -, partagent nos valeurs.
Via l’app, il est possible, si on le souhaite, de regarder de façon beaucoup plus précise : « tiens, ici dans mon quartier, il y a quelqu’un qui s’intéresse à la même chose que moi ».

 

En indiquant nos valeurs, pensées ou mots clés, l’app nous permet aussi de l’illustrer via une URL, une photo, un morceau de musique, un texte, etc. Autant de traces qui peuvent permettre à quelqu’un qui le souhaiterait, d’identifier son auteur. Mais cela ne peut se faire qu’après une recherche précise. Avec l’intention de se connecter sur une valeur, une idée. D’aller au-delà de savoir que l’on partage quelque chose avec des personnes qui nous entourent.

D’habitude, nous composons nos numéros pour avoir nos correspondants. Là, notre téléphone nous met directement en rapport avec des gens qui sont intéressés par la même chose, dans un périmètre de rencontre proche. Nous ne biperons qu’avec des personnes qui partagent ces valeurs.

On pourra aussi, via une visualisation sur le site ou l’appli, voir là où les idées bipent le plus.
Comment elles se déplacent. Pourquoi une idée a émergé tout d’un coup à ce moment-là ; comment elle s’est propagée dans le monde. Comment elle a évolué.


Freebip n’est pas « utile » ! C’est une œuvre qui illustre, matérialise des connexions entre personnes partageant – sans le savoir jusqu’alors – des pensées ou valeurs. Et peut nous permettre de mesurer que certaines de nos pensées ont un poids fort… prenant une valeur autre, car partagée par nombre d’entre nous ! Comment nous résonnons avec notre environnement.

4. Le web devient donc ici le support d’une œuvre collective pour créer ensemble, à travers le monde, chacun de chez soi. Quel est ton regard sur ce web social devenant ta toile de fond ?

Plusieurs constats m’ont aidée à penser et créer Freebip.
En premier lieu, il est évident qu’on n’a pas la vision globale de toutes les personnes qui sont intéressées à un sujet – sujet qui nous concerne ou pas. Le web ajoute à cela une fragmentation et une vastitude qui peut nous perdre. Freebip se propose de se - de nous retrouver dans cette globalité tout en gardant chacun notre spécificité.
Le deuxième constat : il est souvent avéré qu’avec le web, il est nécessaire d’avoir la réponse pour formuler la bonne question ! Comment fait-on quand on n’a pas idée de la réponse ? Et comment sortir de notre mode d’expression usuel et de nos centres d’intérêts ?
Le troisième constat porte sur le fait que les nouvelles technologies sont souvent pensées, développées, mises en place dans le but d’acquérir, « d’avoir », d’obtenir quelque chose. Toujours plus… On demande, avec des attentes précises.

Freebip propose le contraire. Juste dire qui je suis. Etre, exprimer ses valeurs, ses centres d’intérêts. Et accueillir de nouvelles personnes, de nouvelles perceptions.
Autre constat : ces nouvelles technologies, censées nous rapprocher, nous réunir, finalement nous isolent. Nous correspondons désormais par écrans interposés. Seuls. Freebip permet de retrouver le contact… juste en étant ce que l’on est. Les contacts seront initiés en fonction de ce que nous portons, super opportunité de décloisonnement.
Dans la même veine, la portabilité offerte par les nouvelles technologies nous a transformés progressivement en support de ces technologies. Nous sommes devenus mallettes – ce que je refuse définitivement ! Je suis un être sensible, au cœur qui bat, et ne me reconnais pas dans ce monde technologique.
Enfin, le mot « valeur » n’a plus cours qu’en termes d’économie. Comment exprimer alors nos valeurs, c’est-à-dire nos essentiels ? Ce qui nous fonde et peut nous réunir, nous souder.
A l’heure du collectif, il m’a semblé prioritaire et nécessaire pour l’humanité d’offrir l’opportunité de cocréer ensemble une œuvre collective.

5. Comment peut-on qualifier freebip : d’œuvre humaniste et collective utilisant le web social ?

En cette époque de changement de culture à l’échelle planétaire, où la dimension collective impacte notre « à-venir », nous savons que chacun de nos actes résonne et a une incidence à l’autre bout de la planète. Ne dit-on pas que les battements des ailes d'un papillon au Brésil provoquent une tornade au Texas ? Mais la représentation que nous avons de nous-même comme des conséquences de nos actes reste floue, abstraite, hors de notre échelle habituelle. C’est là que la technologie peut nous aider.

Une image vaut mille mots dit-on, offrant une compréhension globale, instantanée.
Je suis ce que je vois, je vois ce que je suis.
L’œil ne peut voir que ce que l’esprit est prêt à comprendre.

Une œuvre, une création existe dès lors qu’elle est exposée au regard de l’autre. C’est le spectateur, l’observateur, le regardant qui va la reconnaître… c’est lui et non l’artiste qui termine l’œuvre. Est-ce qu’une peinture, un film, une musique ou une sculpture a une existence s’il n’y a personne pour l’écouter, la regarder ? Il est communément admis que l’observateur modifie l’expérience, impacte le message.
« Devant une véritable œuvre d’art, le spectateur doit ressentir la nécessité d’un examen de conscience, d’une révision de son domaine conceptuel. L’artiste doit lui faire toucher du doigt les limites de son univers, et lui ouvrir des perspectives nouvelles. Il s’agit là d’une entreprise véritablement humaniste. » dit Antonio Tapies.

Une œuvre d’art est là pour nous inviter à voir les choses différemment. Elle pose des limites et ouvre un nouveau champ d’expérience. Dans cette ère collective qui est la nôtre, où économie et problématiques sont collectives, l’art doit-il échapper à cela ? je ne pense pas ! Nous sommes tous cocréateurs du monde dans lequel nous vivons. Je nous invite à cocréer un monde différent ! A nous retrouver… chacun, en soi, et ensemble. A participer pleinement à la vie, jouir de sa beauté, de sa diversité, de ses richesses. « Aimer la vie c’est m’aimer ». C’est cette pensée qui est mise en application.
Faisons de notre vie une œuvre d’art ! Ensemble.
Quant au nom ? Freebip pour… état d’esprit. Parce que le bip du cœur : je vibre et bipe pour ce que j’aime et ce qui m’anime. Freebip : le bip des pensées libres !

Et vous, êtes-vous Freebipeur?

Plus sur https://www.facebook.com/freebip/
L’app - dans tous les différents stores - est actuellement en Bêta test dans une version simplifiée ; toutes les fonctionnalités ne sont pas encore accessibles.

Sensations et réactions…

Grandissant à l’heure d’Actuel, des livres de Patrice Van Eersel – de John Lilly à la communication entre les dauphins et les expériences avec le caisson d’isolation sensorielle -, Lune compose sa vie comme ses œuvres, en couleurs, en recherche et en mouvements. Et combien je la vois, cette toile d’un nouveau genre ! Où Freebip nous indique… des nuages de pensées, des axes d’évolution de centres d’intérêt, des pics, caps ou chutes de valeurs. Nouvel indicateur de nos états comme de nos envies d’êtres ? KPI d’un nouveau genre à surveiller chacun dans notre périmètre ? Terre de re/connaissance entre nous qui ne nous connaissons pas encore…

Le terrain de recherche de Lune ?
La compréhension des attractions mutuelles et des liens façonnant notre univers, qui l’amènent à vivre des expériences variées, tant dans son œuvre que dans sa vie… mêlées. Nourrie par la conviction de vivre à une époque clé de l’histoire de l’Humanité.
Jolie rencontre que celle de Lune Taqqiq.
Frondeuse. Opiniâtre. Porteuse d’un bien joli cadeau à notre humanité.
Par C
arole Babin-Chevaye


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FREEBIP a d'ores et déjà fait l'objet de présentations sous forme de prototype et de démo :
- 23/10/2008 : présentation publique du lancement de l’œuvre à Expoart Montréal.
- 08/06/2009 : invitée à La Conférence de Montréal.
- 25/09/2009 : Autriche - présentation lors de la conférence internationale e-learning ICL Villach.
- 10/11/2010 : Australie, Wallace Rockhole - présentation aux communautés aborigènes.
- 23/06/2011 : Paris - sélectionné bien ce soit une œuvre d'art dans la catégorie « prototype technologique » et
exposé au Village des Innovations lors de la manifestation Futur en Seine.
- 28/11/2011: par le Conseil Général des Hauts de Seine et le Conseil départemental de l'Economie Sociale et
Solidaire pour le 1er Forum départemental de l'ESS (Économie Sociale et Solidaire).
- 31/01/2014 Intégration dans une couveuse d’entreprise spécialisée dans les NTIC et les innovations ( pour la
partie développement et gestions des ressources indispensables à l'autonomie de l’œuvre tout en garantissant la gratuité pour les utilisateurs)
- 08/06/2016 : sélection au Village de l’Innovation de Futur en Seine catégorie « démo ».

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