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2040... avec Tarik Chekchak

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La place du vivant dans notre humanité, avec Tarik Chekchak, biomiméticien.

 

Dans le podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons", réalisé avec les Eclaireurs - le média des initiatives positives de Canal+ Group - et l'Institut des Futurs souhaitables, Mathieu Baudin, Directeur de l'Institut reçoit un.e invité.e qui lui partage son regard sur l’époque, confie ses visions de futurs souhaitables et ses contributions concrètes pour les faire advenir. Ces échanges se finissent sur un conte uchronique, situé en 2040, lu par Mathieu, que nous co-écrivons sur la base des idées et éléments de l'invité.e.

#CParti!

Tarik Chekchak : la place du vivant dans notre humanité

Un matin de 2040…

je viens de te rejoindre dans le quartier "In Vivo" dans l’ancien 13e arrondissement de Paris. Nous sommes assis sur le balcon, au 3e étage d’un immeuble.

Le froid est pénétrant.

Le silence total autour de nous.

C'est vrai qu’il encore très tôt… mais l’heure est idéale pour observer à la jumelle les nombreux animaux revenus vivre ici. De voir tous ces arbres et arbustes, omniprésents, répartis à perte de vue et à toutes les hauteurs, m’apaise. Comme le font aussi ces algues intégrées aux façades, devenues de véritables aquariums verticaux.
Impossible de résister à la puissance poétique tout autant que technologique de ces biofaçades !

C’est en 2023 qu’a été lancé ce « Pari(s) régénératif », bifurcation du projet du Grand Paris pour renaturer les espaces urbains.

Faire re-rentrer la biodiversité en ville a été un véritable levier face au changement climatique. Aidant à abaisser la température moyenne les jours de canicule, et à lutter contre les effets des précipitations violentes.
De nombreuses zones humides sont aussi apparues dans Paris. Nécessitant de dégoudronner, de désartificialiser des surfaces.

-Cela nous a forcés à nous interroger sur la place de chacun et sur les nouveaux types de compromis à imaginer...

Le concept de villes éponges a émergé, lieux capables de mieux gérer le cycle de l’eau, ce qui a donné de nombreuses idées récréatives et éducatives !

Avec l’approche des solutions fondées sur la nature, nous sommes entrés dans une ère de partenariat gagnant gagnant. Créant de l’utile pour les humains comme pour les non-humains.

C’est sûr que la cohabitation avec la biodiversité peut être encore source de stress. Par exemple, du fait de la continuité écologique retrouvée grâce aux trames vertes, le loup est revenu. De lui-même. Cela nous a forcés à nous interroger sur la place de chacun et sur les nouveaux types de compromis à imaginer...

Tu m'as d’ailleurs récemment parlé de cette meute de loups qui a élu domicile près de l’école Luc Schuitten, à 2 rues d’ici. C'est sûr que les parents se sont inquiétés au début, mais l’observation de la mise bas d’une louve par une caméra multicritère a fait chavirer les cœurs...

Et, là-bas...

Tu le vois ?!

Un cerf !

Il est magnifique.

Lui qu’on n'apercevait auparavant que dans la profondeur des forêts circule là, tranquillement, sur la toiture végétalisée qui nous fait face.

Inquiété de rien, il semble avoir tout son temps.

Quelle invention ce capteur de mouvements et identificateur d’espèces qui nous a prévenus de son passage !

Quelles bonnes idées ont eu les développeurs des années 20 de « gamifier » la découverte des relations dans le vivant. En 2021 d’ailleurs, je me rappelle que tu avais soutenu 2 projets de designers dont tu avais flairé l’immense potentiel. Il y avait celui de Good Galaxie, assistance digitale à l’agro-écologie, de Kim Huyn-Kieu.

Et celui du « pas de côté », projet de stimulation du potentiel écologique de territoires, porté par Anouck Rayé. À l’heure où nous étions omnibranchés sur des écrans en tous genres, l’idée de ces projets était de faire de ces mêmes écrans une source d’augmentation potentielle de l’expérience. D'être dans le milieu. D’ouvrir des portes de compréhension des subtilités des interrelations. Et, via la connaissance, générer de l’empathie vis-à-vis, d’un arbre, d’un animal ou d’un paysage …

- C’est à cette époque que l’humanité a commencé à faire du digital for goods.

C’est à cette époque que l’humanité a commencé à faire du digital for goods. Et que le big data plutôt que de nous vendre de la publicité nous a permis de faciliter l’ingénierie écologique.
 

En 2025, l’application de ces solutions urbaines, fondées sur la nature au service des villes, a explosé. De nouveaux projets digitaux de représentations artistiques ont aussi favorisé l’émergence de récits plus subtils concernant l’inscription de l’humanité dans la toile de la vie.

En 2032, les espèces symboliques comme le lynx, la loutre et le vautour fauve ont été réintroduites dans la zone du Grand Paris. Nous avions tellement réussi à recréer de véritables symbioses ‘écosystèmes-villes’ que même eux, ces animaux emblématiques du monde sauvage, ont pu vivre à l’abri mais tous proches de nos immeubles. En 2039, le parc des Buttes Chaumons est d’ailleurs devenu réserve intégrale. Et l’on assista aussi au retour naturel du castor sur la Seine.

Bien sûr, nous avons rencontré des difficultés à faire accepter une faune

vue comme « nuisible » ou dangereuse dans les espaces urbains. Mais aujourd’hui, ces zones ont pris beaucoup de valeur… Ce qui, soit dit en passant, a donné lieu à une gentrification et une homogénéisation sociale qui reste vraiment à régler.

Tarik. Toi qui viens de passer une nouvelle dizaine, je te retrouve, le même. Mélange de calme et de sérénité. Les yeux brillants d’enthousiasme. Avec toujours cet appétit pour transmettre l’émerveillement des reliances entre les espèces.

Il est vrai que la découverte en cascade de nouvelles preuves de vies sur d’autres systèmes planétaires t’a aidé, en renforçant le sentiment que nous sommes, nous humains, avec toutes les espèces de la Terre, une seule et même communauté de destins.

Mais je te laisse... Toi qui as tant plongé. Dans quasi toutes les mers du monde, je sais que tu pars retrouver ton fils pour aller visiter un prototype de la Fondation Rougerie. Les plans que j’ai pu apercevoir de ces nouveaux espaces, symbiose d’habitats marins et sous-marins, sont incroyables de poésie, de beauté et d’harmonie.

Si seulement quelques projets existent aujourd’hui, nul doute que leur potentiel est énorme et je me réjouis de t’entendre prochainement me raconter ta visite dans le silence de la mer qui te va si bien.

Sur une idée de Tarik Chekchak - Texte de Carole BABIN-CHEVAYE & Mathieu BAUDIN

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Pour retrouver cet épisode du podcast "Dites à l'avenir que nous arrivons" :

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Et le livre paru aux éditions LEDUC :

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